Rafaëlle Dubreuil-Gagnon
Participante de Mères avec pouvoir
Semaine pleine d'émotions pour notre belle Rafaëlle, une participante de Mères avec pouvoir qui volera maintenant de ses propres ailes! Femme passionnée, dévouée et persévérante, elle se démarque par son esprit de communauté, sa générosité et son empathie.
Rafaëlle nous quitte, car elle a conclut son projet de vie socioprofessionnel de belle manière. En effet, massothérapeute et professeur de yoga, elle poursuit maintenant son programme d'acupuncture et déménage dans un espace où elle pourra vivre et faire son travail à domicile. Avant de nous quitter, elle a écrit ce texte touchant.
"Je me suis posée ici il y a un an et demi, après en être venue à la conclusion que la relation avec le papa de ma fille était venue à sa fin - amoureuse - je suis partie en chasse d’une nouvelle maison.
On est en 2019, la crise du logement commençait à se faire sentir. C’était quasi impossible de trouver un 4 1⁄2 avec deux chambres fermées (j’ai aussi baissé mes critères à des 2 ½ avec un bain) à 1 000$ ou moins. Je m’imaginais : travailler temps plein, payer mon loyer puis la garderie privée (mettre le pied dans un CPE relève de la magie!), allaiter, prendre soin, aimer, préparer à manger, payer ce dit manger sain… puis finir mes mois sans un sou dans les poches et recommencer, encore et encore et encore. Prétendre que je vis plutôt que je survis, être heureuse, me sentir équilibrée. Je me suis butée à des proprios qui demandaient une fortune pour des appartements en ruine, ne pas me faire rappeler parce que j’ai un enfant, me faire expliquer suite à une cession de bail que le duplex serait rénové puis vendu un million mais que si j’étais prête à l’acheter il y avait pas de problème! On est loin de la société dans laquelle je m’investis dans mon pays des licornes en tant que massothérapeute qui fait du bénévolat “just because” j’ai l’appel. Génération "baby boom", va falloir nous l’expliquer celle-là! La révolution Tranquille, la belle apogée économique dont vous avez profité… vous en avez pas vous des “just because” de bienveillance?
Bref, quand Mères avec Pouvoir m'a appelée pour savoir si je cherchais toujours, j’ai fondu en larmes! J’étais heureuse mais j’étais aussi humiliée de devoir accepter de l’aide. J’avais un fichu syndrome de l’imposteur. J’ai dit oui, j’ai pris le temps de ralentir. J’ai même refusé de prendre de nouveaux clients pendant 6 mois, un exploit pour l’intégrité d’un travailleur autonome! La simple question “Pis toi comment ça va?” me mettait en miettes. Pas “top” en tant que thérapeute. Je me suis donc donné une pause pour ramasser mes morceaux, pour respirer profond, comprendre pourquoi j'avais pris ces décisions-là. De l’intégrité. Réconcilier mon égo de femme et celui de maman, rétablir une relation saine avec mon ex (bravo à nous deux et tellement merci à toi d’avoir respecté mon appel!). J’ai pu avoir une place dans un CPE, j’ai pu jaser autant comme autant de mes buts, ce qui m’inspire, de ma culpabilité, de mes défis quotidiens. Ça n'a pas de prix de se sentir soutenue et entendue!
Ce sera de plus en plus difficile de se loger à Montréal dans les prochains jours-mois-années. Ça prend plus d’initiatives comme celle-ci. Plus de logements abordables, sociaux, adaptés. Il faut penser collectivement maintenant. C’est pas viable pour une société de juste survivre dans son petit condo qu’on arrive tout juste à payer complètement exténués et coupés du monde, je ne nous souhaite pas ça.
Gros love Mères avec pouvoir, je vous en dois une!"
Crédit photo: Valérie Paquette Photographie